Contre le romantisme

Poétique et politique chez Maurras sont sœurs. A défaut de posséder la foi en une transcendance, cet agnostique était un amoureux de l'ordre, de la « tranquillité de l'ordre », dans les arts comme dans la cité. Sa critique du romantisme, qui occupe une bonne partie de son œuvre, peut ainsi se comprendre sur plusieurs plans.

 

Le romantisme lui apparaît comme une triple anarchie : esthétique, morale et politique. Dans les lettres, elle consacre la révolte du mot contre la phrase, du procédé contre la composition d'ensemble, de la sensibilité contre la pensée. Dans l'âme, elle exalte la conscience individuelle contre les mœurs et les lois. Dans la cité, elle fait de l'individu et de sa seule volonté l'origine de toute légitimité.


Maurras nous met en garde contre plusieurs espèces de romantisme : le romantisme de droite ou passéisme, qui consiste à cultiver la nostalgie du passé en tant qu'il est passé et ne reviendra plus, et le romantisme de gauche ou progressisme, qui consiste à croire naïvement que tout ce qui advient est nécessairement meilleur que ce qui l'a précédé.


Maurras dénonce aussi comme une illusion romantique le rôle de prophète que l'homme de lettres et l'artiste ont cru conquérir au XIXème siècle. En réalité, ils sont passés de la tutelle du Sang à celle de l'Or, de la bienveillante protection d'une aristocratie cultivée au mépris des marchands.

Stéphane BLANCHONNET

Article paru sur a-rebours.fr et dans L'AF2000


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