L'AF et la question sociale

Maurras a toujours affirmé que la question sociale, le problème posé par la destruction des corps intermédiaires au profit de la bourgeoisie et au détriment du peuple par la révolution de 1789, était avant tout une question politique.

Le prolétariat a été séparé du corps national au XIXème siècle parce que les prolétaires ne possédant plus rien, même pas leur propre force de travail, étaient livrés par l'exploitation capitaliste à toutes les tentations révolutionnaires et internationalistes. L'AF, à la suite de la Maison de France (le comte de Chambord dès 1865 dans sa « Lettre aux ouvriers »), à la suite également des catholiques sociaux et de certains positivistes, a affirmé très tôt la nécessité de réintégrer le prolétariat à la nation.

Le programme de l'AF en la matière est également lié aux grandes articulations du discours maurrassien que sont la décentralisation et la monarchie : les corporations qu'il s'agit de créer formant des « républiques professionnelles » s'administrant elles-mêmes (assistance, retraites, formation professionnelle) face à un État rendu à ses fonctions régaliennes par la restauration.

Du côté de la stratégie, après une tentative audacieuse, avant 1914, de rapprochement avec le syndicalisme (quand celui-ci n'était pas encore inféodé aux partis politiques du système), l'AF s'est tournée ensuite, dans les années 20, vers la mise en place d'expériences corporatistes en lançant plusieurs confédérations mixtes (associant employés et patrons) comme le CIPF et l'UCF.

Aujourd'hui, en tenant compte des changements survenus dans la structure du tissu social et des mutations économiques (consumérisme, effacement de la conscience de classe, financiarisation, mondialisation), nous continuons à défendre le travailleur français, par exemple en réclamant des protections douanières et réglementaires pour la production nationale et en combattant les partisans de l'immigration économique.

Stéphane BLANCHONNET

Article paru sur a-rebours.fr et dans L'AF2000


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