La Politique naturelle

La Politique naturelle est le titre de l'avant-propos donné par Maurras en 1937 à la plus célèbre anthologie de ses textes politiques : Mes idées politiques. Très caractéristique par sa forme (les préfaces sont souvent chez Maurras des chefs-d'œuvre), ce texte est profondément original par sa démarche. Le maître de l'Action française ne s'y tient pas comme à son habitude sur le terrain de l'actualité politique, éclairée par l'histoire et la psychologie, selon la méthode de l'empirisme organisateur, mais directement au cœur de la nature humaine.

Si Maurras recourt à la fable dans La Politique naturelle, avec l'apologue du petit poussin, dont tous ceux qui sont passés par l'école d'Action française connaissent l'ouverture (« Le petit poussin brise sa coquille et se met à courir... »), ce n'est pas comme Rousseau pour écarter les faits et bâtir sur un mythe (le bon sauvage, l'état de nature) mais pour dégager des contingences de l'Histoire les contours éternels de la nature sociale de l'homme.

La Politique naturelle n'est pas le premier texte contre-révolutionnaire à s'attaquer à la philosophie politique moderne mais il est certainement le plus clair et le plus complet. Maurras y réfute les principaux dogmes libéraux et démocratiques : l'individualisme, l'égalitarisme et le contractualisme. Toutes ces nuées obscurcissent la raison politique, l'empêchant de voir que la société est un fait de nature sans lequel l'individu périrait, que l'homme est un héritier et un débiteur avant d'être l'auteur de quoi que ce soit de personnel, que les devoirs précèdent toujours les droits, que les inégalités sont dans une large mesure nécessaires et que la liberté est aux fleurs et aux fruits et non à la racine de notre nature.

Stéphane BLANCHONNET

Article publié sur a-rebours.fr et dans L'AF2000


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