Agacement de saison

Au moment d'écrire un énième article sur la question scolaire, à l'occasion de la rentrée et de l'arrivée de Madame Vallaud-Belkacem à la tête du ministère de l'Éducation nationale, j'éprouve un sentiment désagréable, plus proche de la lassitude que de la colère. Une sorte d'agacement. Agacement face à la vacuité des prétendues réformes comme celle des "rythmes scolaires" qui, comme de coutume, ne résoudra rien et risque même d'aggraver les maux dont elle prétend être le remède. Les élèves travailleront le mercredi matin mais ne finiront pas plus tôt pour autant les autres jours car on "occupera" leurs fins de journée avec de l'éducatif au rabais, sous-traité aux mairies... Sans compter que là où les communes ne voudront pas ou ne pourront pas prendre en charge la totalité des dépenses (au-delà du forfait versé par l'Etat), cela reviendra à créer une sorte d'impôt supplémentaire réservé au seules familles avec enfants : quel progrès social ! Agacement face aux vraies réformes, aux réformes utiles qui, elles, ne verront jamais le jour, pour des motifs divers, qui vont des contraintes budgétaires aux préjugés idéologiques : la revalorisation des rémunérations des professeurs (seule réponse à la crise du recrutement), le retour aux fondamentaux au primaire (lire, écrire, compter, mais aussi connaître et aimer notre Histoire), le rétablissement du savoir et non de "l'apprenant" comme centre du système scolaire, la fin du collège unique et la mise en place de filières professionnelles réellement attractives, la restauration de l'excellence dans les filières classiques (ce qui implique que le baccalauréat redevienne un examen exigeant et difficile). Agacement enfin face au caractère partiel des discours critiques tenus à l'égard de l'institution ou du ministre : les uns réclamant par incantation le retour de la discipline et de l'autorité des maîtres ou la fin du "pédagogisme" sans considérer les réformes de structure et les moyens qui conditionnent la réalisation de tels objectifs, les autres diabolisant le nouveau ministre qui, au fond, est plus une politicienne habile sachant user de ses atouts personnels qu'une véritable idéologue... En fin de compte, le plus à craindre avec Najat Vallaud-Belkacem, au-delà d'un renforcement de tendances idéologiques déjà présentes depuis longtemps (rappelons que c'est M. Chatel, sous Nicolas Sarkozy, qui a introduit le gender dans les programmes de SVT du lycée), c'est l'immobilisme.

Stéphane BLANCHONNET

Article paru sur a-rebours.fr puis repris dans L'AF2000


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