De la fessée à la délinquance

   Après l'échec d'une première proposition de loi qu'elle avait déposée en janvier contre les châtiments corporels infligés aux enfants (ou plus familièrement « loi anti-fessée »), le député UMP Edwige Antier, pédiatre médiatique (grâce à ses chroniques sur France Inter et France Info), récidive aujourd'hui avec une nouvelle proposition visant cette fois à « abolir toutes formes de violences physiques et psychologiques infligées aux enfants ».
      Invitée sur RTL ce 13 décembre pour défendre sa proposition enregistrée à l'assemblée le 18 novembre, elle n'hésite pas à établir un lien de cause à effet entre la fessée ou, plus généralement, les châtiments corporels, et le développement actuel de la délinquance des mineurs ! Les adolescents d'aujourd'hui, ceux nés entre 1990 et 1995 donc, auraient-ils connu une enfance bridée dans un contexte autoritaire et patriarcal ? Auraient-ils subi la terrible loi du martinet ?
    Madame Antier ne doit pas vivre sur la même planète que nous. Les sauvageons de notre époque sont justement les enfants d'une ère postmoderne bien décrite par nos meilleurs sociologues et qui a relégué depuis longtemps aux oubliettes de l'Histoire l'autorité, le patriotisme, le respect de l'uniforme, la crainte de la loi, du père ou du gendarme, la morale... toutes ces scories de l'abominable société d'avant 1968 tant décriée par nos intellectuels gauchistes, libertaires et féministes.
    A l'inverse, et contrairement à ce que pense Madame Antier, ils sont bien les enfants du laxisme, de l'absence de père, de la décomposition et des permanentes recompositions du cadre familial... Il suffit d'avoir enseigné quelques années en lycée professionnel pour savoir que c'est de cadres et de repères fermes qu'ont besoin ces jeunes gens. J'ai personnellement le souvenir de quelques jeunes garçons à qui j'essayais d'enseigner le français dans une classe de BEP et qui recherchaient presque volontairement la sanction et le rappel à l'ordre tant ils souffraient de n'avoir jamais été réellement encadrés et punis.
      Mme Antier, que nous avons connue mieux inspirée quand elle défendait l'instinct maternel et l'allaitement ou quand elle osait une parole critique sur l'homoparentalité, gagnerait sans doute à lire les travaux de sociologues comme Gilles Lipovetsky ou Marcel Gauchet et à étudier les nombreuses études disponibles sur la délinquance avant de faire des déclarations aussi fracassantes que totalement infondées.

Stéphane BLANCHONNET

Article d'abord publié sur a-rebours.fr puis repris dans L'Action Française 2000 et sur actionfrancaise.net


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