Désunion nationale

Au lendemain des attentats sanglants perpétrés par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, nous-mêmes avons pu croire un instant que se dessinerait une véritable union sacrée et aussi une prise de conscience des causes premières mais toujours minimisées, - quand elles ne sont pas tout simplement niées -, de la situation présente : l'immigration, dans un pays déjà incapable d'intégrer la masse considérable des néo-Français, des "Français de branche", étrangers à l'histoire, à la sensibilité, aux mœurs des "Français de souche" et de plus en plus attirés par un repli identitaire et communautaire qui les coupe chaque jour plus nettement de la communauté nationale ; la faiblesse criante des politiques judiciaires, pénitentiaires et de sécurité, dont témoigne tragiquement le parcours des trois hommes abattus par la police ; les erreurs et parfois les crimes de notre politique étrangère, qui font de nous, - malgré nous !-, des ennemis du monde arabe, des laquais serviles des pyromanes américains, des idiots utiles de toutes leurs manipulations.

Mais nos illusions n'ont pas survécu plus de deux jours. Nous ne sommes plus en 1914 quand Charles Maurras et Léon Daudet s'engageaient corps et âme dans le soutien à la politique de défense nationale, même conduite par leurs ennemis politiques de la veille, Georges Clémenceau notamment, parce que les uns et les autres eurent l'intelligence de mettre entre parenthèse les terribles conflits d'avant-guerre devant les nécessités de l'heure. Aujourd'hui le sectarisme des petits marquis de la gauche caviar, en excluant le Front National du consensus, a aussitôt tué dans l'œuf l'union sacrée d'un jour afin de sauver leur sordide, et de moins en moins crédible, magistère moral, antiraciste et antifasciste. Mieux vaut pour eux défiler avec le boucher de Gaza qu'avec la fille de Jean-Marie Le Pen ! Quant à la prise de conscience, elle est reportée sine die et comme étouffée par l'autosatisfaction des médias et des politiciens au lendemain de la marche "républicaine" dont le fond idéologique, aussi confus soit-il, semble plus ou moins correspondre à un ultime déni de réalité.

François Hollande ce 11 janvier 2015 c'est Edouard Daladier devant la foule l'acclamant à son retour de Munich en 1938, la lucidité en moins.

Stéphane BLANCHONNET

Article paru sur a-rebours.fr et dans L'AF2000


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