Faites la guerre, pas l'amour !

L'annonce faite par l'armée américaine, le 24 janvier dernier, de la levée d'ici 2016 des dernières restrictions faites à l'emploi des personnels féminins dans des situations effectives de combat est l'exemple même de la décision à la fois sans réelle conséquence immédiate dans les faits et à la fois particulièrement grave sur le plan symbolique où se situent sa véritable portée et sa véritable nuisance.
Dans les faits, on peut la considérer au même titre que le mariage homosexuel comme une mesure susceptible de concerner un nombre tellement restreint d'individus que son impact réel sera quasiment nul. Martin Van Creveld, l'un des plus grands spécialistes contemporains des questions militaires, explique dans son maître ouvrage Les Femmes et la guerre que cette activité, la guerre donc, est de loin la plus discriminante sur le plan physique (loin devant le BTP par exemple !) : le fantassin contemporain endure les mêmes conditions de pénibilité et porte grosso modo, contrairement aux idées reçues, le même poids d'équipements divers que son prédécesseur antique ou médiéval. Or comme le rapporte Van Creveld dans une population de 200 individus, si l'on sélectionne les 100 plus forts 93 sont des hommes, 7 des femmes (la "force" correspondant aux capacités aérobies et anaérobies classiques : tirer, pousser, porter...) et, mieux encore, seulement 5 % des femmes atteignent la force de l'homme moyen.
À cela s'ajoute que la guerre est le fait non seulement d'hommes forts mais aussi d'hommes violents, capables de donner la mort. Il faut le rappeler à nos pseudo élites bien-pensantes qui s'insurgent qu'un soldat français, au Mali, ait choisi un foulard à tête de mort plutôt qu'à fleur des champs, pour se protéger de la poussière ! Autrement dit et plus crûment, on a plus de chance de trouver dans un groupe de commandos d'élite une sociologie proche de celle des criminels de droit commun que de celle des assistantes maternelles ! Or, là aussi, la statistique est révélatrice et relativement stable depuis que les chiffres existent en cette matière : 90 % des actes de violences graves sont commis par des individus de sexe masculin.
On pourrait même estimer que ce genre de mesure fera diminuer le taux de féminisation des armées occidentales car il devrait logiquement s'accompagner de la disparition des barèmes différenciés lors des tests d'aptitude. Dans ce type de tests exigés pour des professions comme policier ou militaire, on demande par exemple à la recrue masculine de faire dix tractions contre une ou deux seulement à la recrue féminine. Ces pratiques, relativement cohérentes quand existent des doctrines d'emploi différentes selon le sexe, devraient en effet logiquement disparaître en même temps que ces dernières.
En réalité, comme pour le mariage homosexuel, la véritable nuisance d'une mesure comme celle-ci est symbolique. Or le plan symbolique n'est pas anodin. Nos adversaires le savent bien, eux. La destruction de l'identité sexuelle, revendiquée par les partisans les plus conscients de ces mesures, comme le ministre australien de la Défense Stephen Smith en 2011, tout autant que la destruction des définitions de la famille et de la filiation, correspondent en effet au stade ultime du déracinement voulu par l'idéologie libérale. Dans cette post-humanité, plus de sexes, plus de nations, plus de peuples, plus de familles mais des individus à la fois totalement libres à l'égard des déterminations naturelles et culturelles et totalement aliénés à l'égard du fétichisme de l'argent et de la marchandise.

Stéphane BLANCHONNET

Article d'abord paru sur a-rebours.fr puis repris dans L'AF2000


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