Refondation idéologique de l'école

Le projet de loi pompeusement baptisé "refondation de l'école de la République" par son auteur, M. Peillon, et actuellement examiné par les députés, s'il ne réforme en rien le fonctionnement général du "Mammouth", a au moins le mérite d'être clair dans son orientation idéologique : c'est un texte qui s'inspire des pires lubies de la gauche "sociétale" en matière d'éducation. Chacune des principales mesures qui le composent est en effet une réaffirmation des principes qui ont causé le déclin de notre système d'éducation depuis la création du collège unique en 1975.
La volonté de faire disparaître le redoublement tout en supprimant la possibilité du choix de l'apprentissage à 14 ans (réforme de la précédente majorité, insuffisante mais positive) indique sans la moindre ambiguïté que le ministre veut aller encore plus loin dans la logique de massification du système scolaire français. Il s'agit de pousser toujours plus l'ensemble des enfants vers le lycée général, ce qui a pour conséquence de produire un engorgement des sections générales, d'aggraver la baisse du niveau dans ces mêmes sections et d'entretenir les parents dans le mépris pour les filières professionnelles.
La décision de faire apprendre aux jeunes élèves, dès le CP, une langue étrangère et, plus généralement, d'introduire toujours plus de contenus d'enseignement dans le primaire, est elle aussi une mesure idéologique et démagogique dont la conséquence prévisible sera de noyer un peu plus les savoirs qui devraient être fondamentaux (lire et écrire le français, compter et calculer, apprendre l'Histoire de France) dans une infinité de savoirs périphériques ou de pseudo-savoirs qui font déjà de nos élèves du secondaire des générations de "dyslexiques" (ou prétendus tels !) et des ignares en matière de culture générale élémentaire.
Même inspiration délétère en ce qui concerne les enseignants. On va en recruter plus alors que leur nombre est déjà pléthorique et que les difficultés rencontrées dans de nombreuses matières pour trouver des candidats aux concours auraient dû plutôt inspirer une politique de revalorisation, notamment salariale, de la profession. Sur ce point aussi l'ancienne majorité était, il faut le reconnaître, un peu mieux inspirée.
Si l'on ne peut par ailleurs que saluer le rétablissement de la décharge de cours pour les professeurs stagiaires, il faut aussi s'inquiéter de la réapparition des IUFM (qui d'ailleurs n'avaient pas réellement disparus comme nous l'avions montré dans d'autres articles) sous le nom d'Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation (ESPE). Il y a fort à parier qu'avec l'orientation très partisane de l'actuel ministre, ces nouveaux centres de formation seront des lieux de formatage idéologique qui dispenseront aux futurs enseignants le prêt-à-penser libéral-libertaire (pédagogisme, égalitarisme, féminisme, théorie du genre etc).
Ce caractère idéologique de la "refondation" culmine dans le remplacement de "l'éducation civique" par un "enseignement moral et civique". M. Peillon a en effet l'intention de formater les cerveaux des élèves après ceux des professeurs stagiaires... Sa "morale" laïque, si elle n'a plus aucun rapport sur le fond avec celle de la Troisième République, qui était patriotique et conservatrice sur les mœurs, en a au moins gardé les intentions : remplacer la famille et la religion dans la formation morale (immorale désormais !) et dans l'éducation des enfants.

Stéphane BLANCHONNET

Article d'abord paru sur a-rebours.fr puis repris dans L'AF2000


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