Réponses pour la promotion du colloque du 9 mai 2015


1/ Pourquoi la royauté est-elle une solution politique intéressante à explorer pour la France au XXIe siècle ?

Stéphane Blanchonnet : Le déracinement, la mondialisation et l'immigration de masse placent aujourd'hui la question de l'identité au cœur du débat public. En témoignent les succès électoraux du Front National mais aussi, sur le terrain des idées, ceux des derniers livres d'Eric Zemmour et Michel Houellebecq. Or la monarchie est le moyen le plus radical de nous rattacher à la longue histoire de France... Au-delà de la République et de ses symboles, au-delà de la laïcité et du récent "vivre-ensemble", pures abstractions idéologiques, renouer avec la royauté signifierait automatiquement assumer à nouveau l'identité historique, substantielle, charnelle de la France. Par ailleurs, les avantages institutionnels sont évidents. La monarchie est le régime consubstantiel à la France et si la Vème République est un peu moins imparfaite et un peu plus stable que les précédentes, c'est à sa dimension monarchique qu'elle le doit. Mais cette dimension n'est pas pleinement actualisée dans les institutions actuelles puisque le président demeure un chef de parti, soucieux de servir sa clientèle électorale et de préparer sa réélection. Le passage au quinquennat a encore accentué ce défaut.

2/ En quoi la thématique du peuple et de sa représentation permet-elle de préciser les règles du bon gouvernement ?

Stéphane Blanchonnet : La question du peuple et de sa représentation est au centre de la pensée politique moderne. L'apparent paradoxe que je voudrais explorer consiste à affirmer que la monarchie, loin de s'opposer à la représentation du peuple est, au contraire, un moyen de lever un certain nombre d'obstacles qui s'opposent à elle. Le roi est d'abord par lui-même (en tant qu'incarnation de toute la nation) le représentant par excellence du peuple. Il est ensuite, par son indépendance, la condition de la réforme des autres moyens de représentation : fin du monopole des syndicats prétendument "représentatifs", systématisation du mode de scrutin proportionnel, limitation drastique du nombre des mandats électifs, développement des référendums d'initiative populaire etc... Aucune de ces réformes ne sera entreprise sérieusement par les partis politiques et leurs représentants dans l'exécutif ou au parlement car elles sont directement contraires à leurs intérêts. Plus que jamais, comme le disait Pierre Boutang : « le droit du Prince naît du besoin du peuple. »

 


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