La Virilité au pilori

   Le Sénat a adopté la semaine dernière une proposition de loi qui avait déjà été adoptée à l’Assemblée nationale en février et émanait d’un député socialiste, Mme Bousquet, et d’un député UMP, M. Geoffroy. Le texte vise à renforcer la prévention et la répression des violences faites aux femmes et à mieux protéger les victimes.

Renforcement des mesures de protection

   Ce dernier aspect, – le moins contestable –, modifie un certain nombre d’articles du code civil, du code pénal ou du code de procédure pénale. On peut par exemple y trouver ce genre de mesures : « Lorsqu'une personne mise en examen pour un crime ou un délit commis à l'encontre de son conjoint, de son concubin ou de son partenaire lié par un pacte civil de solidarité est placée sous assignation à résidence avec surveillance électronique mobile et qu'une interdiction de rencontrer la victime a été prononcée, cette dernière peut, si elle y consent expressément, se voir proposer l'attribution d'un dispositif de téléprotection lui permettant d'alerter les autorités publiques en cas de violation des obligations imposées au mis en examen ou le port d'un dispositif électronique permettant de signaler à distance que la personne mise en examen se trouve à proximité. »
    Le chapitre II du texte, sur la prévention des violences, est plus intéressant et, à nos yeux, plus critiquable. Il institue en effet une journée de sensibilisation sur les violences faites aux femmes (le 25 novembre). Une journée de plus a-t-on envie de dire ! A force d'ajouter une journée de l'Europe par-ci, une journée des droits de l'enfant par-là et maintenant une journée sur les violences faites aux femmes  alors qu'il existe déjà une journée de la femme (le 8 mars), on se demande s'il nous restera une journée dans l'année pour souffler entre deux sensibilisations.

Une dimension idéologique contestable

   Le chapitre II se signale aussi par sa dimension idéologique très marquée que manifeste clairement cet article : « Une information consacrée à l'égalité entre les hommes et les femmes, à la lutte contre les préjugés sexistes et à la lutte contre les violences faites aux femmes et les violences commises au sein du couple est dispensée à tous les stades de la scolarité. Les établissements scolaires [...] peuvent s'associer à cette fin avec des associations de défense des droits des femmes et promouvant l'égalité entre les hommes et les femmes. » Encore une mission pour l'école ! Chaque nouvelle loi "sociétale" s'accompagne désormais d'un volet éducatif qui vient chaque fois alourdir un peu plus  les programmes scolaires et accroître leur dimension éducative au détriment de l'instruction.
    Sans compter que l'idéologie qu'il faudra inculquer aux enfants en la matière est tout à fait contestable. Qu'entend-on exactement par « préjugé sexiste » ? Il y a fort à parier que la formule s'inspire des théories féministes selon lesquelles le simple fait de laisser les filles jouer à la poupée et les garçons aux gendarmes et aux voleurs serait le signe d'une volonté de perpétuer la prétendue domination patriarcale (ce n'est malheureusement pas une plaisanterie et Contre les jouets sexistes est vraiment le titre d'un livre paru en 2007) ! Plus généralement, le texte suggère qu'il existerait un lien entre la reconnaissance et la mise en forme symbolique de la féminité et de la virilité dans les représentations culturelles et les violences faites aux femmes. Si l'on poursuit le raisonnement, cela revient à diaboliser purement et simplement la virilité, considérée comme synonyme de brutalité et de barbarie. Claude Habib dans son maître-livre, Galanterie française, nous expliquait à l'inverse qu'il n'était nul besoin de castrer les hommes ou de les féminiser pour leur apprendre le respect des femmes. Elle affirmait au contraire que la reconnaissance des différences et leur valorisation pouvait conduire à une relation harmonieuse. C'est le sens par exemple d'une campagne lancée aux États-Unis, dans l'État du Texas, et intitulée « Real men don't hit women » (les vrais hommes ne frappent pas les femmes), qui s'appuie au contraire sur les stéréotypes de la fierté virile (le message est décliné sous la forme de plusieurs affiches mettant en scène un policier, un pompier, un cow-boy...) pour dénoncer les violences faites aux femmes.
    Sur ce sujet comme sur bien d'autres, c'est le logiciel mental de notre classe politique, complètement inféodée aux thèses du gauchisme et du féminisme, qu'il faudrait changer.

 

Stéphane BLANCHONNET

Article paru le 3 juillet 2010 sur a-rebours.fr


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