La préférence nationale

Il est des sujets qui font particulièrement sentir que les tenants de l'idéologie dominante vivent dans un univers en quelque sorte parallèle où les principes élémentaires de la raison comme le simple bon sens n'ont plus cours. Le débat autour de la préférence nationale (ou « priorité nationale ») est de ceux-là.

Aux yeux de nos bien-pensants, réserver des droits ou des avantages aux citoyens serait à la fois anticonstitutionnel et, horresco referens, antirépublicain ! Or comment un principe déjà en vigueur (dans les domaines du droit de vote ou de l'emploi des fonctionnaires par exemple) pourrait-il être anticonstitutionnel ? Et comment une mesure voulue, votée et mise en œuvre jadis par la gauche républicaine (« Loi du 10 août 1932 protégeant la main d'œuvre nationale », portant la signature d'Edouard Herriot) pourrait-elle être antirépublicaine ? Réserver des droits aux citoyens n'est-il pas d'ailleurs depuis la plus haute antiquité la définition même de la citoyenneté ?

Des droits... et des devoirs, bien entendu. On remarquera au passage au sujet de ces derniers que l'on n'a jamais entendu un partisan de l'extension indéfinie des droits des étrangers réclamer que ceux-ci soient concernés par la conscription ou la levée en masse cas de conflit ! Plus fondamentalement, la préférence nationale est indissociable de la souveraineté nationale. La France doit pouvoir choisir qui elle veut accueillir et à quelles conditions. Et cette nécessité est encore plus grande en période de crise économique et d'accélération des flux migratoires. C'est d'ailleurs ce contexte qui a logiquement conduit une partie de nos voisins, comme le Royaume-Uni, la Suisse ou l'Italie, à renforcer leur législation en faveur de l'emploi des nationaux.

Stéphane BLANCHONNET

Article paru sur a-rebours.fr et dans Le Bien Commun


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