L'AF est-elle de droite ?

René Rémond dans Les Droites en France considère l'Action française à la fois comme la « Nouvelle Droite » des années 1900 par sa dimension intellectuelle, sa jeunesse, et son originalité « néo-royaliste » et comme une synthèse des trois principaux courants qui structurent selon lui la droite en France depuis 1789 : le légitimisme, le bonapartisme et l'orléanisme.

Pour ce dernier courant, ses arguments sont peu nombreux et peu convaincants (Rémond s'appuie presque exclusivement sur les options libérales de Bainville en économie, qui ne sont pas du tout représentatives de celles du mouvement) mais pour les deux autres, ils sont solides : Maurras opère en effet la synthèse de la contre-révolution (traditionaliste, aristocratique et décentralisatrice) et du nationalisme (populaire, autoritaire mais aussi social, ce que Rémond néglige un peu).

Mais si l'AF concilie au moins deux des trois grandes tendances de la droite, il est remarquable que d'une part elle ne soit pas elle-même issue de la droite (Vaugeois et Pujo sont au départ des intellectuels de gauche) et d'autre part qu'elle dépasse dialectiquement l'opposition droite-gauche dans la synthèse monarchique fournie par Maurras.

L'erreur de Rémond à ce sujet est de considérer la monarchie elle-même comme un thème de droite parce qu'il est prisonnier d'une lecture centrée sur le XIXème siècle. Une perspective historique un peu plus large lui aurait permis de ne pas confondre le rôle organisateur de la monarchie, parfois tout à fait révolutionnaire, et le conservatisme social.

Stéphane BLANCHONNET

Article paru sur a-rebours.fr et dans L'AF2000


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