Vote féminin : contresens et préjugés

Le 70ème anniversaire de l'instauration du droit de vote des femmes en 1944 par le GPRF sera sans aucun doute l'occasion pour tous les bienpensants à poils et à plumes d'entonner un énième couplet béat sur le thème du progrès. Pourtant, ce sujet des droits des femmes est certainement un de ceux qui permettent le plus facilement de remettre en cause cette foi dans un progrès linéaire et constant.

En effet, des historiens comme Régine Pernoud et Jacques Heers ont bien montré que les droits des femmes en général (y compris en ce qui concerne le vote) étaient plus importants dans le Moyen-Âge européen et chrétien qu'il ne le seront par la suite avec la Renaissance et surtout avec la Révolution française et le code Napoléon. Les "progrès" dans la reprise du droit romain à l'époque moderne auront pour conséquence de faire de la femme une éternelle mineure. On oubliera aussi certainement de mentionner le fait qu'en France, au XXème siècle, l'extension du droit de vote aux femmes s'est fait plus tard qu'ailleurs en grande partie parce qu'une large fraction de la gauche s'y opposait, suspectant une trop grande emprise du clergé et de la "Réaction" sur l'esprit des Françaises !

En ce qui nous concerne, nous raisonnons comme Maurras dans l'AF du 17 février 1917 alors que le débat occupait déjà les esprits (notamment parce que Maurice Barrès, pas vraiment un gauchiste ou un féministe, voulait octroyer le droit de vote aux veuves et aux mères des soldats morts pour la France) : "Nous ne sommes pas plus opposés au vote des femmes qu'au vote des hommes quand ils s'appliquent à des objectifs dont l'électeur et l'électrice peuvent connaître véritablement. Hors de là, c'est une noire fumisterie qui revêt quelquefois une couleur de sang, comme, par exemple, quand la loi ou la constitution raconte aux malheureux votants qu'ils sont les maîtres de la paix et de la guerre ou que leur suffrage peut arbitrer des intérêts généraux que, par position, ils ne sauraient même percevoir." Dans le même article, Maurras faisait aussi l'éloge de la courtoisie dans une belle formule qui, au-delà du paradoxe, éclaire le génie propre de de la France à la lumière de la complémentarité des ordres (politiques et culturels) comme des sexes : "La transmission de la couronne en ligne masculine assura notre nationalité ; le règne des dames de France édifia notre civilisation."

Stéphane BLANCHONNET

Article paru sur a-rebours.fr puis dans L'AF2000


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