Editorial AF2000 n° 2828

 

   Les Socialistes ont désigné leur candidat. Or, M. Hollande, qui n'a jamais exercé la moindre responsabilité ministérielle, entre en lice avec un handicap objectif dans un contexte où la compétence et l'expérience seront au cœur des débats. Il cherche donc à s'acheter une crédibilité, en faisant mine de résister à ses alliés écologistes sur la question nucléaire. De son côté Nicolas Sarkozy exploite habilement la crise économique et ses périls pour espérer rattraper son retard dans les sondages. Au centre, les ambitions individuelles suscitent, malgré le retrait de Jean-Louis Borloo, des candidatures multiples, vouées par là même à l’insignifiance et que ne justifie aucune réelle divergence idéologique. Même Mme Le Pen a enfourché le thème de la laïcité avec une fougue et une radicalité qui trahissent le caractère démagogique de l'opération. Au fond, tout cela n'est que du théâtre et l'Action française entend bien dénoncer ce spectacle de mauvais goût qui n'est pas moins pernicieux que la pièce scatologique de M. Castellucci.
    Mais ne pas être dupe de la médiocrité du drame et de ses acteurs, ne signifie pas que nous nous désintéressons des sujets qui y sont débattus. Pour le dire autrement, l'Action française entend bien développer pendant cette campagne, non seulement un point de vue critique à l'égard de la République et de la malfaisance des partis, mais encore proposer une analyse approfondie de la situation du pays et des solutions aux problèmes qui se posent immédiatement à lui : immigration, insécurité, asservissement de notre souveraineté, perte des repères fondamentaux, désindustrialisation, chômage, paupérisation, endettement public et privé. Elle a d'ailleurs un grand avantage sur les écuries partisanes pour le faire : elle ne vise, contrairement à ces dernières, que l'intérêt national et ne cherche à satisfaire aucune clientèle, ne participant pas pour sa part au jeu électoral. C'est tout le sens des dix axes de salut national proposés par le Centre Royaliste d'Action Française, dont une première version a été publiée dans notre précédent numéro et qui feront très prochainement l'objet, à la demande du Comité directeur de l’Action française, d'une nouvelle édition, plus précise et plus développée, sous forme de brochure.
    Nous avons décidé de faire parvenir une copie de ces dix axes aux différents candidats sans bien sûr nous faire d'illusions sur l’éventualité de les voir les adopter. Cette réserve étant formulée, nous ne nous interdisons pas de faire, le moment venu, un choix en faveur de l'un ou l'autre des prétendants à l'Elysée, sur la base de la plus ou moins grande convergence entre nos dix axes et leurs programmes. L’Action française s’est en effet toujours refusée à pratiquer la politique du pire et, pour cette raison, a parfois demandé à ses militants et sympathisants de voter pour le candidat qui lui paraissait le moins mauvais pour la France. Mais si une telle consigne de vote devait être donnée, –et rien n’est moins sûr aujourd’hui –, elle ne signifierait en rien une alliance politique, qui pourrait d'une manière ou d'une autre limiter notre liberté de dénoncer la perversité intrinsèque du système républicain et démocratique.
    Le général de Gaulle a certes institué avec la Cinquième République une forme de monarchie républicaine mais le costume est devenu trop large pour les lilliputiens qui composent la classe politique contemporaine. De surcroît, une réforme comme le quinquennat ainsi que les continuels abandons de souveraineté concédés à l’Europe, ont considérablement affaibli les institutions. Plus fondamentalement, l’élection du chef de l’Etat au suffrage universel, si elle a mis à mal le régime des partis tel qu’il existait sous la Troisième ou la Quatrième républiques, a provoqué l’apparition de nouvelles formations, qui relèvent plus de l’écurie de campagne que du parti traditionnel, mais dont le caractère partisan et démagogique n’est pas moindre parce qu’il est au service d’un homme plutôt que d’une idéologie. Il nous appartient donc de rappeler, à l’occasion de la forte médiatisation qu’une élection présidentielle entretient toujours autour des questions politiques, que seule la monarchie héréditaire garantit un arbitrage authentique au-dessus de la mêlée des intérêts et des ambitions en tous genres. C’est dans cet état d’esprit que l’Action française, le journal et le mouvement, s’apprêtent à mener une campagne vigoureuse dans les mois à venir.

Stéphane BLANCHONNET
Président du Comité directeur de l’Action française

Article d'abord paru dans L'Action Française 2000 n°2828 du 17 au 30 novembre 2011.


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